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Passer à l’action : comment rendre le numérique réellement responsable ?

Le numérique responsable est devenu une compétence essentielle. Dans cet article, vous apprendrez à passer de la sensibilisation à l’action, avec des exemples concrets, des chiffres clés et les bons outils pour vous lancer.

Pourquoi agir maintenant, concrètement ?

L’impact environnemental du numérique est à la fois massif, diffus et souvent invisible. Les usages, services et infrastructures numériques émettent plus de gaz à effet de serre que l’aviation civile mondiale. Et d’ici 2030, cette empreinte pourrait doubler si rien n’est fait, selon l’ADEME (source de 2023).

En parallèle, les enjeux sociaux sont tout aussi cruciaux. Le numérique crée des fractures : 13 millions de Français ont des difficultés numériques selon l’INSEE. L’accessibilité des services, la sur-sollicitation cognitive ou encore l’exclusion par le design sont autant de risques éthiques majeurs.

La réglementation s’accélère : en France, la Loi REEN impose déjà aux collectivités locales des obligations de sobriété numérique. L’Europe s’oriente vers des obligations élargies via des textes comme le DSA, la directive Ecodesign ou la Green Claims Directive.

Mais il ne faut pas attendre d’y être contraint. De nombreuses organisations se lancent pour des raisons plus stratégiques :

  • Réduire les coûts IT et énergétiques
  • Répondre aux attentes RSE internes
  • Attirer des talents sensibles à ces valeurs
  • Renforcer leur image de marque

Le numérique responsable devient un avantage concurrentiel, pas une contrainte.

Mettre en place une stratégie numérique responsable efficace

Pour agir de manière structurée, une stratégie numérique responsable doit s’articuler autour de trois piliers : mesurer, concevoir, gouverner. La mesure permet de comprendre ses impacts. L’éco-conception vise à les réduire dès la phase de création. La gouvernance, elle, garantit que ces principes s’inscrivent dans la durée.

Cette stratégie ne peut pas être portée par une seule personne. Elle nécessite une coopération entre les directions techniques, RSE, RH, QSE et métiers. Une bonne pratique consiste à rédiger une charte du numérique responsable, engageant l’organisation sur des principes communs.

L’entreprise Décathlon, par exemple, a intégré le numérique responsable dans sa feuille de route IT 2024-2026, avec des indicateurs de sobriété et une gouvernance dédiée.

Mais avant toute chose, il est essentiel de poser une vision claire :

  • Pourquoi voulons-nous devenir plus responsables ?
  • Quelles valeurs voulons-nous incarner ?
  • Quels leviers sont les plus pertinents pour nous ?

Une fois ces éléments définis, il devient plus simple de déployer un plan d’action progressif.

Éco-conception : un levier pour un numérique durable

L’éco-conception consiste à intégrer la sobriété environnementale dès la conception d’un service numérique. Ce principe, déjà bien connu dans le design produit, s’applique parfaitement au web, aux apps ou aux plateformes SaaS.

Cela signifie :

Des outils comme EcoIndex ou GreenIT Analysis permettent d’auditer une page web. Une refonte bien pensée peut faire passer un site de C à A en impact environnemental, avec à la clé une réduction de 30 à 70 % de consommation de ressources.

Un exemple concret : l’agence Pragma a accompagné une collectivité dans la refonte de son site. Résultat : −60 % d’impact environnemental mesuré, un meilleur référencement SEO et une augmentation de l’accessibilité numérique.

Obsolescence, matériel et durée de vie

Environ 80 % de l’impact environnemental d’un ordinateur est généré à sa fabrication, selon l’ADEME. Prolonger sa durée de vie est donc un levier majeur.

Pour cela, les organisations peuvent :

  • privilégier le matériel reconditionné,
  • allonger les cycles de renouvellement (de 3 à 5 ans, voire plus),
  • effectuer de la maintenance logicielle préventive,
  • limiter l’usage de logiciels trop lourds.

La MAIF, par exemple, a mis en place une politique d’achat IT responsable qui favorise les équipements durables et une maintenance logicielle active.

L’obsolescence logicielle est aussi un défi. Trop souvent, une mise à jour impose du matériel plus récent. Adopter une logique de sobriété fonctionnelle permet d’éviter ce cercle vicieux.

Mesurer l’impact du numérique responsable : quels outils choisir ?

On ne pilote bien que ce qu’on mesure. Mais le numérique responsable est complexe à quantifier. Heureusement, des outils émergent.

  • NegaOctet permet d’évaluer les impacts environnementaux de services numériques sur des bases scientifiques.
  • Fruggr aide les DSI à intégrer des indicateurs NR dans leur pilotage.
  • Greenspector mesure les performances énergétiques d’applications mobiles ou desktop.

Les indicateurs clés incluent :

  • la consommation énergétique des serveurs et terminaux,
  • le poids moyen des pages,
  • la bande passante utilisée,
  • les taux de rebond ou les chargements inutiles.

Certaines entreprises réalisent des bilans carbone numériques complets. D’autres préfèrent commencer par un diagnostic simplifié, puis affiner.

Fédérer les équipes autour de la démarche

Une stratégie NR ne tient pas sans l’engagement humain. Il faut embarquer les équipes, former, valoriser et créer une culture numérique responsable.

Les RH ont un rôle pivot. Elles peuvent :

Côté tech, il est utile de former les développeur·ses à l’éco-conception, via des workshops ou des revues de code NR. Certaines entreprises organisent des « Green Sprints » : une semaine dédiée à la réduction d’impact sur un produit existant. C’est ludique, utile et très engageant.

Le numérique responsable ne doit pas rester un sujet annexe : il doit infuser les pratiques quotidiennes.

Rendre le numérique réellement responsable

Le numérique responsable n’est ni un luxe, ni un projet isolé. C’est une transformation culturelle et opérationnelle, qui touche toutes les strates de l’organisation.

Passer à l’action ne signifie pas tout faire, tout de suite. Cela veut dire : commencer. Prendre un levier, tester, documenter, apprendre. Puis élargir.

Les entreprises et les collectivités qui s’engagent aujourd’hui seront mieux armées demain. Pour recruter. Pour réduire leurs coûts. Pour répondre aux attentes sociétales. Et pour continuer à innover… sans compromettre le vivant.

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