Rendre un site web accessible va devenir non pas un confort mais quelque chose d’essentiel. À l’aube des législations.. Se mettre à la page devient impératif.
Qu’est‑ce que l’accessibilité numérique et pourquoi est‑elle essentielle?
L’accessibilité numérique vise à garantir que les personnes en situation de handicap — visuel, auditif, moteur ou cognitif — ainsi que tous les utilisateurs en contexte contraint (faible connexion, usage mobile) puissent accéder à un site web de manière équitable. En France, la loi du 11 février 2005 impose dès 2009 cette obligation à la sphère publique. Aujourd’hui, plus de 18 % de la population est concernée par un handicap, directement ou indirectement.
Ce chantier, pourtant crucial, n’est pas encore maîtrisé : le taux de conformité RGAA est passé de 40 % en 2022 à environ 59 % en 2024. Et à partir du 28 juin 2025, toutes les entreprises privées de plus de 10 salariés ou réalisant plus de 2 M€ de chiffre d’affaires seront soumises à ces règles. En pratique, près de 68 % des pages « points de vente » de sites de marques ne respectent toujours pas ces obligations.
L’impact est multiple : exclusion d’un public, risques légaux, mais aussi perte de trafic et d’utilisateurs.
Se conformer aux normes RGAA et WCAG : premières étapes pour rendre son site web accessible
La première étape dans l’accessibilité numérique est de réaliser un audit basé sur le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA), aligné sur les standards internationaux WCAG 2.1. Ce référentiel comprend 106 critères, répartis en 13 thématiques (images, formulaires, scripts, contrastes, etc.). En France, l’outil Ara, proposé par la DINUM, permet de réaliser un audit formel, incluant un échantillon représentatif de pages, afin de générer une déclaration de conformité.
En complément, il est possible de conduire un audit partiel portant sur une vingtaine de critères essentiels à un niveau d’entrée(niveau A) du RGAA. Mais pour respecter pleinement la loi, vous devrez viser le niveau AA du WCAG et les 106 critères du RGAA, officialisés au 28 juin 2025 pour les sites neufs et d’ici juin 2030 pour les sites existants.
Mettre en œuvre des pratiques accessibles au quotidien
L’accessibilité ne se résume pas à un audit ponctuel mais doit être intégrée dans chaque étape de création et de maintenance. Il s’agit notamment d’utiliser des balises ALT descriptives, de garantir une navigation clavier fluide, d’assurer un contraste adéquat entre fond et texte, et de structurer le contenu via des balises Hn pertinentes. Ces pratiques, lorsqu’elles sont ancrées dans la conception, améliorent l’expérience pour tous les utilisateurs et renforcent par ricochet votre SEO, les moteurs de recherche valorisant les contenus bien structurés.
Classer les contenus de manière logique, ajouter des transcriptions aux vidéos et intervenir au sein d’éléments dynamiques garantissent un contenu utilisable même avec des technologies d’assistance ou sans souris. Ces exigences techniques sont non seulement légales mais génèrent une valeur tangible, car un site accessible favorise le confort de tous et encourage un retour utilisateur positif.
Cas concrets : exemples inspirants d’entreprises
Prenons l’exemple du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), qui a réalisé un audit RGAA puis formé ses équipes pour restructurer son site en profondeur et améliorer l’accessibilité globale.
Aux États-Unis, l’enseigne Target a été condamnée pour non-accessibilité, puis a mis en place des améliorations notables : alt text optimisé, navigation au clavier, et compatibilité avec les lecteurs d’écran.
En France, dans le secteur du e-commerce, Veepee présente un taux de conformité de 78 % et SNCF Connect 76 % selon les derniers rapports .
Ces exemples montrent que l’accessibilité apporte à la fois une plus-value utilisateur et une conformité stratégique, à la fois réglementaire et commerciale.
Intégrer l’accessibilité dans vos pratiques internes
Pour bâtir un site accessible, il est vital que toute l’équipe soit engagée au quotidien. Cela suppose de planifier des ateliers sur les normes (RGAA, WCAG), d’intégrer des critères d’accessibilité dans vos pipelines CI/CD, et de réaliser des tests réguliers avec des utilisateurs en situation de handicap. En alliant accessibilité et démarches de Software Craftsmanship, vous responsabilisez vos développeurs tout en améliorant la qualité du code, sa maintenabilité et l’inclusivité de vos produits numériques.
Mesurer et améliorer : assurer une conformité durable
Une politique d’accessibilité efficace repose sur le suivi de KPI clairs : taux de conformité RGAA, nombre d’anomalies détectées, retours utilisateurs en situation de handicap, et évolution des scores d’accessibilité . Utiliser des outils comme AccessiWay pour les tests automatiques combinés à des revues manuelles assure une démarche rigoureuse et cyclique.
La communication sur les avancées renforce la confiance et le positionnement responsable de votre marque.
Conclusion : franchir le cap maintenant
Rendre un site accessible, c’est agir à l’intersection de l’éthique, du juridique, du marketing et du SEO. Face à moins de 60 % de conformité en moyenne et aux nouvelles obligations de 2025-2030. Commencez par un audit RGAA, mettez en place les bonnes pratiques dès la conception, impliquez vos équipes, mesurez régulièrement et améliorez en continu.
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